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Industrie automobile en crise : pourquoi une réforme fiscale est vitale pour l’avenir

L’industrie automobile française traverse l’une des plus graves crises de son histoire récente.

Bonnefis Automobile
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September 9, 2025

Les ventes s’effondrent, les recettes fiscales stagnent et la compétitivité de nos constructeurs s’érode face à leurs concurrents européens et asiatiques. Pourtant, derrière ces difficultés, un constat s’impose : la fiscalité punitive et instable appliquée aux véhicules en France a détruit la confiance des consommateurs comme des professionnels. Lors d’une réunion à Bercy avec Emmanuel Monnet, directeur de cabinet du ministre de l’Économie, nous avons tiré la sonnette d’alarme avec la FNA – Fédération Nationale de l’Automobile. Ce signal doit être entendu avant que l’industrie ne perde définitivement sa place en Europe.

L’effondrement des ventes automobiles en France

Depuis quinze ans, la chute est spectaculaire. En 2010, la France immatriculait 2,2 millions de voitures particulières. En 2024, ce chiffre n’atteint plus que 1,7 million. Cela représente une baisse de plus de 20 % en une décennie et demie, alors que dans le même temps, l’Espagne a enregistré une croissance de 7 % en un an et l’Allemagne une relative stabilité avec seulement –0,5 %. La France, elle, affiche –7 % sur la même période. Ce décalage illustre parfaitement un problème structurel : le marché automobile français décroche parce qu’il est étouffé par des taxes et des contraintes qui ne trouvent aucun équivalent ailleurs en Europe.

Une fiscalité punitive et instable

Le cœur du problème réside dans la politique fiscale appliquée au secteur. Depuis plusieurs années, les malus se sont empilés, modifiés, renforcés, créant une instabilité qui dissuade aussi bien les acheteurs particuliers que les gestionnaires de flottes. Les automobilistes ne comprennent plus la logique, les professionnels ne peuvent plus anticiper, et les investisseurs hésitent à parier sur un secteur fragilisé par la règle du jour.

Parmi les mesures les plus emblématiques de cette fiscalité punitive, on retrouve le malus au poids, véritable double peine qui s’ajoute au malus écologique classique, avec des plafonds qui vont atteindre 90 000 € d’ici 2027. On retrouve aussi un malus écologique dont les grilles évoluent chaque année, créant une imprévisibilité totale sur le coût d’acquisition d’un véhicule. À cela s’ajoute un calcul de réfaction totalement déconnecté de la décote réelle du marché, ce qui crée une distorsion supplémentaire entre la fiscalité et la réalité économique. Enfin, la hausse de l’avantage en nature pour les véhicules de fonction décourage les entreprises d’investir dans leurs flottes, et les annonces de Bruxelles sur les contraintes imposées aux flottes d’entreprises sèment la panique dans le secteur.

Les conséquences sur l’industrie française

Ce cocktail fiscal tue la confiance. Or, dans un marché automobile, la confiance est essentielle. Les particuliers hésitent à acheter par peur de se retrouver avec un véhicule lourdement taxé lors de la revente. Les entreprises réduisent ou repoussent leurs achats de flottes, car elles ne savent pas quelles règles fiscales s’appliqueront demain. Résultat : les volumes de ventes chutent, les usines tournent au ralenti, et les concessionnaires, déjà fragilisés, doivent faire face à des baisses de marge insoutenables.

Cette contraction du marché n’a pas seulement un effet négatif sur l’industrie : elle fragilise aussi l’État lui-même. Car moins de ventes, c’est mécaniquement moins de TVA collectée, moins de taxes sur les carburants, et moins de recettes issues des immatriculations. La logique punitive actuelle aboutit à un paradoxe : en cherchant à taxer plus lourdement l’automobile, l’État finit par percevoir moins de recettes fiscales globales.

Une approche constructive pour sauver l’industrie

Face à ce constat, il est urgent de changer de cap. Notre groupe de travail, en collaboration avec la FNA, a présenté à Bercy un plan clair et concret pour relancer la confiance, stimuler les ventes et redonner à l’État les recettes fiscales dont il a besoin.

La première mesure consiste à supprimer purement et simplement le malus au poids, une taxe absurde qui pénalise sans discernement et sans réelle efficacité écologique. La deuxième est de revoir totalement le malus CO₂ pour le rendre lisible, prévisible et proportionnel au prix du véhicule. Il ne s’agit pas d’abolir toute fiscalité écologique, mais de la rendre cohérente et compréhensible, afin que les acheteurs puissent anticiper et faire leurs choix en toute connaissance de cause. Enfin, la troisième mesure vise à corriger le calcul de réfaction, pour qu’il reflète la vraie décote des véhicules, comme l’exige d’ailleurs l’Union européenne. Sans cette réforme, le marché de l’occasion restera déséquilibré, au détriment des particuliers et des professionnels.

L’Europe avance, la Chine prend de l’avance

Pendant que la France s’enferme dans une logique punitive, d’autres pays avancent autrement. L’Espagne, par exemple, applique une fiscalité incitative et proportionnelle via son programme MOVES III. Résultat : son marché est en croissance. À l’autre bout du spectre, la Chine prend un avantage décisif sur le marché mondial. Ses constructeurs proposent déjà des véhicules électriques avec de meilleurs rapports prix, autonomie et fonctionnalités que leurs homologues européens. Si l’Europe s’entête à imposer une fiscalité étouffante et un dogme du tout-électrique, elle risque de disparaître du paysage automobile mondial d’ici dix ans.

Une alerte supplémentaire sur la revente des véhicules exonérés

Un point particulièrement inquiétant concerne les véhicules initialement exonérés de malus lors de leur première immatriculation, notamment les cartes handicapés. À partir de 2026, ces véhicules seront malussés à la revente. Le problème est que cette information ne sera pas vérifiable par les particuliers ni par les professionnels, créant une insécurité juridique et financière majeure. Nous demandons que ces données soient intégrées à Histovec, la plateforme publique de suivi des véhicules, afin d’éviter que les acheteurs ne se retrouvent piégés par des taxes imprévisibles.

Sauver l’automobile française par une refonte fiscale

L’industrie automobile française est en danger de mort si rien n’est fait. Mais la solution est à portée de main : il suffit de passer d’une fiscalité punitive et instable à une fiscalité claire, prévisible et proportionnelle. Ce changement restaurerait la confiance des acheteurs et des entreprises, relancerait les ventes, et donc, paradoxalement, augmenterait les recettes fiscales de l’État. C’est le cœur du message que nous avons porté à Bercy et que nous continuerons de défendre avec force.

La balle est désormais dans le camp des décideurs politiques. Il est temps de faire le choix du bon sens économique et de la survie de notre industrie. Si la France veut continuer à être un acteur majeur de l’automobile mondiale, elle doit agir maintenant.

Une mobilisation collective nécessaire

Cette crise ne peut être résolue que par une action collective. Les professionnels, les fédérations, les décideurs publics et les citoyens doivent unir leurs forces pour défendre l’avenir de l’automobile française. La réforme fiscale que nous proposons n’est pas seulement une question économique, c’est une question de souveraineté industrielle et d’emploi pour des centaines de milliers de familles.

L’heure n’est plus aux demi-mesures. Si nous voulons sauver notre industrie, il faut refonder dès aujourd’hui la fiscalité automobile. À défaut, nous laisserons la Chine dicter les règles du marché mondial et verrons disparaître une part essentielle de notre économie.

Un Article signé Edouard Bonnefis.

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