
L'interdiction des moteurs thermiques n'est pas une transition mais une condamnation à mort
La France persiste à défendre l'interdiction des moteurs thermiques en 2035
La France persiste à défendre l'interdiction des moteurs thermiques en 2035. Un choix idéologique qui met en péril une filière stratégique, des millions d'emplois et notre souveraineté industrielle, alerte Edouard Bonnefis, directeur financier de Bonnefis Automobile.

L'industrie automobile française vit ses dernières années, si rien n'est fait.
L'interdiction de la vente de voitures thermiques neuves en 2035, décidée à Bruxelles, n'est pas une étape de transition mais une condamnation à mort. Le Sénat l'a écrit noir sur blanc dans son rapport du 15 octobre 2025, intitulé « Mesures d'urgence pour l'industrie automobile française », évoquant un « crash programmé » du secteur. Malgré cet avertissement unanime, la France et l'Espagne ont confirmé leur opposition à l'Allemagne qui plaidait pour un report de l'échéance. Un choix idéologique qui met en péril une filière stratégique, des millions d'emplois et notre souveraineté industrielle.
Le rapport sénatorial dresse un constat alarmant : la production nationale reste inférieure de 40 % à son niveau de 2019, les ventes reculent et la part des voitures électriques a baissé en 2024 et 2025, retombant sous le quart des immatriculations.
Les rapporteurs dénoncent une transition « menée à marche forcée » et « sans réelle étude d'impact ». Ils rappellent que la survie de la filière suppose d'assouplir les règles
européennes et de reporter l'interdiction du thermique.
Une fiscalité devenue punitive
À cette stratégie s'ajoute une fiscalité dissuasive. Le malus écologique atteindra 100.000 euros en 2028 selon le projet de loi de finances 2026. Le malus au poids frappe indistinctement familles et artisans. La taxation des véhicules de société (ex-TVS) s'ajoute à des charges déjà lourdes tandis que l'avantage en nature sur les véhicules de fonction a été relevé, pénalisant salariés et entreprises. Loin d'encourager une transition écologique, cet empilement fiscal pèse sur la compétitivité nationale et favorise les importations.
Résultat : les ménages renoncent à acheter et les usines ferment. L'Espagne, elle, a conservé un système encore cohérent : pas de malus au poids, un barème écologique lisible, prévisible et proportionnel au prix du véhicule ne pouvant jamais dépasser 15 % de sa valeur.
Une souveraineté industrielle menacée
Le rapport sénatorial souligne que 80 % des batteries utilisées en Europe proviennent d'Asie. Cette dépendance énergétique et technologique fragilise la souveraineté industrielle et, au-delà, la sécurité nationale. Certaines compétences du secteur automobile servent également à la production de matériel de défense : leur disparition affaiblirait la base industrielle militaire française.
Les sénateurs pointent aussi la concurrence « déloyale » des pays à bas coûts. La Chine, qui produit près des deux tiers des véhicules électriques mondiaux, a quadruplé ses exportations entre 2021 et 2023 grâce à des prix de vente inférieurs d'environ 30 % à ceux des voitures européennes. Le rapport appelle à instaurer des droits de douane sur les véhicules et composants chinois, à renforcer les exigences de contenu local et à harmoniser les politiques de soutien à la demande au niveau européen.
Pour une transition réaliste et maîtrisée
La solution n'est pas d'interdire mais d'innover. Le rapport appelle à repousser la fin du thermique, à reconnaître la valeur des biocarburants et à favoriser l'émergence de petits véhicules abordables. Il préconise une pause réglementaire et un plan européen coordonné pour restaurer les marges, soutenir la recherche et investir massivement dans le logiciel et les batteries.
« Le Sénat a tiré la sonnette d'alarme : si rien n'est fait, la France ne produira bientôt plus ses voitures. »
L'industrie automobile française doit redevenir un pilier technologique, non un symbole de déclin. La neutralité carbone ne sera atteinte qu'en combinant toutes les solutions : thermique sobre, hybride, hydrogène et électrique selon les usages.
L'automobile n'est pas un ennemi du climat mais un levier de transition. Persister dans une logique punitive, c'est condamner 900.000 emplois, fragiliser nos territoires et renoncer à notre souveraineté. Le Sénat a tiré la sonnette d'alarme : si rien n'est fait, la France ne produira bientôt plus ses voitures. Il est temps de passer d'une écologie de l'interdiction à une écologie de l'intelligence.
Un article par Edouard Bonnefis : directeur financier de Bonnefis Automobile.