
Malus écologique : l’impôt qui fait perdre 1,5 milliard d’euros à l’État
Une absurdité économique, écologique et industrielle.
Malus écologique : l’impôt qui fait perdre 1,5 milliard d’euros à l’État
Depuis plusieurs années, la fiscalité automobile est au cœur de débats passionnés. Présenté comme un outil vertueux pour orienter les comportements d’achat vers des véhicules moins polluants, le malus écologique est aujourd’hui devenu un impôt massif, injuste et contre-productif. Derrière une façade environnementale, il fragilise toute une filière industrielle et prive l’État de ressources fiscales considérables. Le constat est implacable : loin de financer la transition écologique, ce mécanisme coûte chaque année 1,5 milliard d’euros de recettes de TVA qui s’évaporent dans la nature.
Le malus écologique, un impôt qui s’alourdit chaque année
Créé pour décourager l’achat de véhicules fortement émetteurs de CO₂, le malus écologique a progressivement muté en véritable machine fiscale. En 2025, il atteint jusqu’à 70 000 € par véhicule, et sera bientôt plafonné à 90 000 € en 2027. À cela s’ajoute le malus au poids, qui peut représenter 30 000 € supplémentaires pour certains modèles. Ce double mécanisme transforme l’achat d’un véhicule en un véritable parcours du combattant financier.
Loin d’orienter sereinement les consommateurs vers des choix plus responsables, il verrouille tout simplement l’accès au marché pour une large partie de la population. De nombreux modèles deviennent inaccessibles, les acheteurs se détournent des concessions, et les volumes de ventes s’effondrent.
Un marché automobile qui s’enfonce
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2025, les ventes de véhicules neufs en France reculent encore de 4 %. Ce repli s’ajoute à une tendance déjà marquée depuis plusieurs années. La conséquence directe est un marché qui s’assèche, une filière sous tension et des entreprises en difficulté. Concessionnaires, revendeurs, distributeurs… tous subissent le contrecoup d’un système fiscal qui bride la demande au lieu de la stimuler.
Or, quand le marché s’enfonce, c’est toute l’économie qui en paie le prix. Les constructeurs réduisent leur production, les distributeurs licencient, les sous-traitants souffrent, et l’ensemble de la chaîne de valeur se fragilise. À terme, c’est l’industrie française elle-même qui perd en compétitivité face à des pays moins contraignants.
L’effet boomerang pour les finances publiques
L’argument central des défenseurs du malus est qu’il permet de collecter des recettes fiscales pour financer la transition écologique. Pourtant, l’effet réel est exactement l’inverse. En réduisant drastiquement les volumes de ventes, le malus assèche la collecte de TVA, qui constitue une source de revenus bien plus importante et stable pour l’État.
Chaque voiture neuve vendue génère en moyenne plusieurs milliers d’euros de TVA. Lorsque des centaines de milliers de ventes disparaissent, c’est un manque à gagner colossal pour les finances publiques. Les calculs sont clairs : si les malus n’existaient pas, les volumes de ventes exploseraient, et l’État percevrait 1,5 milliard d’euros de recettes supplémentaires.
Ce malus, présenté comme une mesure écologique, est donc une absurdité comptable. Il coûte bien plus qu’il ne rapporte.
Des conséquences écologiques contre-productives
Au-delà de l’aspect fiscal, le malus écologique produit également des effets pervers en matière environnementale. En rendant les véhicules neufs inabordables, il pousse de nombreux consommateurs à conserver leurs voitures anciennes plus longtemps. Résultat : le parc automobile vieillit, et les véhicules en circulation polluent davantage.
L’objectif affiché — réduire les émissions de CO₂ — est ainsi totalement manqué. Pire, la France s’éloigne de ses ambitions climatiques en laissant circuler un parc vieillissant, moins sûr et plus polluant.
Un affaiblissement industriel et stratégique
La France ne se contente pas de perdre des recettes fiscales et de rater ses objectifs écologiques : elle se met aussi en position de faiblesse sur le plan industriel. Alors que la Chine inonde le marché européen avec ses véhicules électriques low-cost, l’Europe continue d’imposer des taxes punitives à sa propre industrie.
Cette stratégie revient à se tirer une balle dans le pied. Les entreprises françaises ferment, les emplois disparaissent, et la compétitivité nationale s’effondre. Dans un monde où l’automobile reste un pilier stratégique, cette politique fiscale place la France en recul par rapport à ses concurrents mondiaux.
Un impôt déguisé, mal conçu et nuisible
Le constat est clair : le malus écologique n’a plus rien d’écologique. Il ne sert plus ni la planète ni l’économie. Ce n’est qu’un impôt déguisé, mal conçu et mal ciblé, qui pénalise à la fois les consommateurs, les entreprises et l’État.
Le paradoxe est total : alors qu’il devait rapporter de l’argent pour financer la transition, il en fait perdre. Alors qu’il devait orienter vers des comportements vertueux, il bloque toute dynamique. Alors qu’il devait soutenir l’industrie, il la fragilise.
La vraie question à poser
Plutôt que de s’enfoncer dans des aberrations fiscales, il est temps de poser la vraie question : ne vaudrait-il pas mieux soutenir le marché automobile, stimuler les ventes et récolter les gains naturels de la TVA ?
En supprimant les malus et en laissant le marché respirer, l’État pourrait percevoir bien davantage, tout en renouvelant plus rapidement le parc automobile, ce qui serait bénéfique pour l’environnement comme pour la sécurité routière.
C’est un choix de bon sens, un choix économique et écologique, mais aussi un choix stratégique pour l’avenir industriel de la France.
Pour conclure
Le malus écologique est devenu le symbole d’une politique publique déconnectée des réalités économiques et environnementales. Loin de remplir ses objectifs, il plombe le marché, appauvrit l’État, accélère la fermeture d’entreprises et contribue au vieillissement du parc automobile.
La solution existe pourtant, simple et pragmatique : faire confiance au marché, soutenir la demande et récolter les fruits d’une TVA dynamique. Plutôt qu’un impôt punitif et stérile, il est temps d’adopter une fiscalité intelligente qui favorise à la fois la croissance, l’écologie et l’emploi.
Alors oui, il est temps de le dire haut et fort : laissez-nous payer plus de TVA, plutôt que de nous étrangler avec un malus contre-productif.
Un Article signé Edouard Bonnefis.